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No: 52 mis à jour le 29.11.2024
Cette expression est apparue au 19ème siècle, mais on ne connait pas la
véritable origine, elle veut dire "partir à toute vitesse".
En effet il semblerait que les chevaux étaient souvent utilisés dans les
villes où les routes étaient construites avec des pavés de pierre.
Au contact des fers des
chevaux démarrant rapidement, des étincelles devaient jaillir de dessous les
fers d'où l'expression.
Moi, je crois avoir vécu la vraie signification, voici mon histoire :
En 1965 pendant que Choucas était encore à Saint-Loup sur Versoix, Mrs Audrey
Young (colocataire de l'écurie) entraînait régulièrement avec moi ses deux
pur-sang pour participer à des courses (à cette époque il y avait encore
un hippodrome à Morges et un à Yverdon).
Je montais souvent Fire Bell pendant
qu'elle montait Squilla, une adorable jument alezane. Fire Bell était un grand
hongre bai âgé de 4 ans, très puissant, il était extrêmement chaud mais bien
éduqué.
Mrs Young avait ramené ses deux chevaux d’Amérique lors du transfert de
son mari diplomate à Genève.
Pour entrainer les deux chevaux, nous avions trouvé un chemin herbeux qui
mesurait environ 1000 mètres. |
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Mais, il me fallait absolument faire quelque chose, il me restait environ
600 mètres avant la route asphaltée, très dangereuse, très glissante et qui
coupait mon cheminement à angle droit.
Impossible d’envisager seulement de la
traverser, car de l’autre côté il y avait une plantation de pommiers avec une
clôture en fil de fer.
Dans ces conditions 600 mètres c’est très long et très court à la fois.
J’essaie de parler au cheval, mes « Oh ! Oooh ! » Restent sans succès...
A environ 400 mètres… j’envisage deux options :
- Soit utiliser le siège éjectable, non... Ce n’est pas la bonne solution, j’ai
déjà eu avant cette aventure, plus de 10 fractures à cheval, alors il faut
chercher autre chose. Surtout à fond les manettes. Et en plus je n’ai pas de
parachute.
- Deuxième possibilité... Dévier le cheval dans un champ et le faire tourner en
rond jusqu’à épuisement du « carburant » et l’arrivée de Mrs Young avec
Squilla.
C’est cette deuxième possibilité que je choisi espérant arriver à stopper le
cheval.
Heureusement il y a un champ d'herbe de ce côté.
Il me reste à peine
200 mètres, je m’accroche d’une main à la selle, l’autre
à la crinière et me penche autant que je peux sur la droite. Prêt pour la
voltige cosaque, quoique en général c’est du côté gauche...
Le cheval quitte
enfin le chemin et arrive dans le champ sur le côté, mais continue
toujours direction la route.
100 mètres...
50 mètres...
La route s’approche… Le pur-sang commence à dévier un peu sur la droite.
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Fire Bell va tout droit, entre dans la cour sans issue d’une ferme, et fini par
s’arrêter devant le mur de l’habitation à quelques centimètres d’une
petite-vielle assise sur un banc en train d’écosser des petits pois.
Je me
rappellerai toute ma vie des yeux effarés de cette brave dame tombée
instantanément en catalepsie.
Je saute en bas, met ce qui reste des rênes autour de l’encolure du cheval et
m’excuse auprès de la dame qui me dit la voix chevrotante :
"Il a le feu sous les sabots de votre cheval ! "
Sur le moment je ne comprends pas, mais je sens bien une odeur de pierre brulée
et constate d’énormes traces de freinage sur les pavés en pierres rondes de la
cour de la ferme.
Voilà d’où provenait dans l'expression « le feu
des quatre fers », des
étincelles provoquées par le frottement des fers sur les pierres quand le cheval
a freiné.
Mrs Young arrive sur ces entrefaites avec Squilla et constate que son cheval n’a
rien, moi, ça n’a pas d’importance !
On bricole une espèce de licol avec ce qui reste de la bride (le filet très usé
s’était rompu au beau milieu) et on rentre tranquillou à Saint-Loup.
L’histoire pourrait finir là !
Mais Mrs Young me demanda si je pouvais réparer la bride. Je lui expliquai que
le filet très usé, très ancien, était cassé au beau milieu et qu’il fallait en
acheter un nouveau.
Elle me dit qu’elle en avait quelques-uns dans sa maison à Coppet et comme
c’était moi qui devais monter le lendemain ses chevaux car elle devait
avoir une réception à la maison. Je la suivi donc jusqu’à Coppet pour prendre un
mors de rechange.
Les Young habitaient une maison au bord du lac, propriété ou louée par
l’ambassade des USA à Genève.
Quand nous sommes arrivés nous avons eu une petite surprise :
En effet Mrs
Young s’étant trompée de jour, la réception qui devait avoir lieu le lendemain
avait bel et bien lieu dans le jardin ce jour-même, il devait bien y avoir une
cinquantaine ou plus de gens très huppés, très « Channel ».
Son mari avait dû en
vitesse organiser ce cocktail avec les artisans du coin (je rappelle qu’il n’y
avait, en ce temps, aucun moyen de nous atteindre, les portables n’existaient
pas).
Au lieu d’aller vite prendre une douche, se changer (elle puait les
chevaux…), non !
Mrs Young est allée saluer tous les convives dans ses jeans crades et
malodorants et avec un T-shirt qui tenait debout tout seul.
Je voulais opérer un
demi-tour stratégique en catimini et rentrer à Tannay où j’habitais à cette
époque, mais elle m’appela pour me présenter quelques diplomates cavaliers dont
l'ambassadeur français à l'ONU qui
monta quelques années plus tard dans mon manège à Chavannes-des-Bois.
J’avais honte, je me faisais
tout petit car je ne devais pas sentir la rose non-plus.
Enfin elle alla chercher quelques mors de filet et je reparti sans demander mon
reste...
Quelques années plus tard elle refusa de suivre son mari qui
devait retourner aux Etats-Unis et ne pouvant pas y ramener ses
chevaux (quarantaine) ; elle préféra se jeter sous le train !
Dans son testament elle avait demandé que l’on
euthanasie ses deux chevaux.
Squilla échappa heureusement à cette volonté et
finit sa vie dans la belle propriété du banquier Edouard Pictet au pied du Jura
dans l'Ain.
Voilà un souvenir que je ne suis pas prêt d'oublier à presque
60 ans de distance !
N'hésitez pas, contactez-moi par mail, je me ferai un plaisir de vous répondre. |
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FB11.2024