HENRI WAGNEUR
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  COUP DE GUEULE !
EXPÉRIENCE DE
COMMUNICATION ANIMALE

No: 12 mis à jour le 4.11.2024


Depuis quelques années plusieurs personnes se sont spécialisées dans ce genre de "travail".
Elles se font payer pour "analyser" votre cheval (ou autre animal).

J'ai toujours pris cela comme une franche rigolade allant même jusqu'à penser que certains propriétaires de chevaux se voyaient escroqués par des espèces de gourous.

Mais afin de ne pas mourir idiot, j'ai aussi décidé d'essayer moi-même, et comme j'ai une expérience de plus de 60 ans avec les chevaux, j'ai pensé que je devais autant d'aptitudes que ces "spécialistes".

Alors voici le récit de cette passionnante expérience : 

Un jour que j'avais du temps, je me suis dit que c'était le moment de faire une expérience de communication.

Tout d'abord il fallait trouver un cheval !

Alors j'ai pensé, je vais commencer avec Silver mon poney que je connais bien depuis six ans et avec qui j'ai une grande compréhension :

- Alors Silver comment vas-tu ?


- Fais pas chier, si tu veux que je te parle, files-moi un kilo de carottes !
C'était un début et alors j'ai essayé avec Smarty mon deuxième poney :

- Hello Smarty comment vas-tu ?


- Fais pas chier, files-moi une jolie pouliche et après on en parle !

C'est encourageant, mais je devais faire mes preuves sur un cheval que je ne connaissais presque pas.

Alors j'ai trouvé un cheval qui à mes yeux d'expert, se comporte de manière incohérente.
Ainsi je pourrai peut-être mieux expliquer son comportement rebelle et imprévisible.

Un cheval d'une élève qui avait certains problèmes compliqués à résoudre.

J'ai donc profité que personne ne se trouvait dans les environs et je suis entré dans son box, une petite caresse et je me suis assis dans sa mangeoire, j'ai commencé :

- Salut ! Comment vas-tu ?

- Bonjour Monsieur.

- Voudrais-tu me raconter ce qui t'a amené jusqu'ici ?

- Et qu'est-ce que j'ai à y gagner ?

- Je pourrais ainsi t'aider à mieux faire avec toi.


- Bon alors allons-y !


J'ai commencé par lui demander quelle a été sa vie au début.


- Je suis né en Espagne dans un bon élevage.
Quand je suis arrivé au monde mes éleveurs m'ont admiré.
Spécialement pour ma robe baie. Et oui, toute ma famille est baie, c'est une des caractéristique de l'élevage.
Ils avaient beaucoup d'espoir en moi, c'est pourquoi ils m'ont appelé El Magnifico .


- Oui mais toi tu n'es pas bai. Tu es gris !

- Ben oui figurez-vous qu'après quelques mois j'ai commencé à m'éclaircir.
Alors là les choses ont commencé à se gâter. On ne me prêtait plus beaucoup d'attention. Mes frères et sœurs sont allés à un an et demi à la ferrade et sont revenus fiers avec une belle marque sur la cuisse. Moi je n'y ai pas eu droit.
J'ai compris que le vilain petit canard ne devait pas représenter l'élevage.
La honte quoi !


- C'est pas grave, d'ailleurs moi je n'aime pas cette méthode de marque au fer rouge, c'est primitif et dégradant. Lui répondis-je.

- A deux ans mes potes sont restés au parc, mais moi on m'a mis dans une écurie à part où croupissent les chevaux à vendre.
Des murs de tous les côtés, pas de lumière, le jour attaché et puis à trois ans le débourrage.


- Et ça c'est bien passé ?


- L'horreur !
Une serretta sur les naseaux, une pièce en fer avec des piquants; à peine tu bouges, ça pénètre ta chair. Alors tu n'oses pas bouger.
Une selle de 15 kilos, une sous-queue qui te serre la queue, et on te longe à fond jusqu'à que tes poumons te brûlent.
Alors un homme te monte dessus et te plante les éperons dans les flancs. Tu repars au galop et le mec qui tient la longe avec la serretta te donne des coups à chaque fois que tu te rebelles.
Ça dure plusieurs jours jusqu'à que tu arrêtes de te rebeller.
Et on te monte avec un mors à gourmette qui te coupe sous la lèvre inférieure.
A la fin tu te tiens tranquille.
T'as rien d'autre à faire si tu ne veux pas aller te faire massacrer  dans les arènes face à un taureau fâché.


- Après le débourrage que s'est-il passé ?


- Figurez-vous mon cher ami que le supplice n'est pas fini. Le but est de me rendre montable par n'importe quel touriste en vacances.
Et puis paf !
Un jour une charmante cavalière aux mains douces tombe amoureuse de moi.


- C'est la délivrance ?

- C'est ce que l'on peut croire. Elle m'emmène dans son pays, dans une belle écurie où je peux enfin voir mes voisins.
Il y a même des juments.


- La joie ?

- Oui pour moi, tout cela réveille en moi l'instinct grégaire de ma noble race et de mon sexe.
Les hormones vous comprenez ?
Je commence à me réveiller enfin. Mais ça ne plait pas à ma cavalière, elle commence à avoir peur quand j'hennis et quand je me cabre.
Très vite elle ne me contrôle plus. Pas de serretta pour calmer mes impulsions.
Alors elle écoute tout le monde :
Fais pas si ! Fais pas ça ! Etc...


- Et ça marche ?

- Pas tellement, elle me change d'écurie, elle change d'entraîneur.
Ensuite elle m'envoie dans une écurie où il y a des autres étalons.
Il parait que c'est mieux.


- Comme cela tes problèmes se sont réglés ?

- Partiellement, car quand c'est d'autres cavaliers qui me montent, ça marche plus ou moins.
Mais ma propriétaire a pris désormais peur et elle se cramponne aux rênes, serre les jambes, ce qui a effet de m'énerver.
Alors elle décide de m'envoyer dans un "centre de redressement".
Grands spécialistes du dressage !


- C'était bien ?

- La folie !
Il y avait des juments qui passaient devant mon box.
Ça me rendait encore plus fou.
Et au travail un jeune écuyer courageux m'a affublé d'un accessoire terrible :
Figurez-vous, deux longes de cuir sont fixées entre mes jambes à la sangle, passant dans les anneaux du mors et finissent dans les mains "expertes" du cavalier.


- Ah, les rênes allemandes ?

- Oui c'est ça.
Alors là tu n'as plus rien à dire. T'est coincé comme des sardines dans une boite.
On t'inflige des coups de cravache chaque fois que tu veux t'arrêter.
Tu n'as même pas la chance de pointer.
Au bout de quelques jours, tu cèdes, t'en as marre de lutter.
T'es dompté !


- Alors tes affaires ce sont arrangées ?

- Et bien non, rebelote, quand ma proprio vient me monter, comme elle a toujours peur, je fais le con.
Je suis mon instinct, ce n'est pas ma faute.


- Ce n'est pas très malin !

- Vous voyez, nous les chevaux quand on a quelque chose inscrit dans notre cerveau, ça reste à vie. On ne peut rien y faire.
Alors je suis retourné dans l'écurie où il y a des potes étalons.


- Les choses se sont arrangées ?

- Comme j'ai compris, oui, les murs ont des oreilles. Ma proprio m'a vendu, lasse.
Et ma nouvelle propriétaire est hyper sympa. Même si je lui pose encore des problèmes.
En ballade, pas de problèmes, on me fou la paix et c'est chouette découvrir la nature.
J'y ai autre chose à cirer que me révolter .


- C'est normal tu es un cheval assez macho et la ballade ça détend..

- Un beau jour j'apprends qu'un de ses amis de ma cavalière lui a donné un conseil qui pourrait changer ma vie…
Ce ne serait pas vous par hasard ? Il parait qu'il est suisse...


- Peut-être…

- On me conduit dans une écurie qui sent bizarre. On m'amène dans un local sans paille.
Un gentil monsieur me touche un peu partout, je sens un picotement dans l'encolure, mais rien d'inquiétant, je ne suis pas douillet. 
Et puis là à partir de ce moment je ne me souviens de plus rien.
Je me réveille couché dans un grand box, au bout d'un moment je me lève avec difficulté et là :
Aie!
Une grande douleur dans mon intimité !
Je reste encore quelques jours jusqu'à que la douleur que j'ai entre les jambes s'atténue et je retourne dans mon écurie.


- Je sais ce qui t'es arrivé.

- J'ai vite compris en parlant avec mes voisins d'écurie. Après la serretta, les rênes allemandes et les coups de cravache :
L'émasculation.
La honte ! Je ne pourrai jamais avoir des poulains.


- Et là ta vie a changé ?

- Oui, d'un autre côté les mois suivants c'était cool.
J'ai même été au parc avec des potes. On s'est un peu chipoté au début puis je me suis calmé.
Les filles ça ne m'intéresse plus, enfin pour jouer c'est tout.
Oui, de temps en temps figurez-vous j'encercle le troupeau histoire de rigoler.
Les juments qui sont suitées ne rigolent pas toujours, certaines me décochent des coups de pieds, mais ça fait moins mal que la serretta et les rênes allemandes...


- La vie est devenue belle ?

- Super !
Puis on a recommencé à me monter, On a encore fait des ballades, c'était génial les grands galops à l'orée des bois.
J'avais jamais fait cela. On s'amusait beaucoup.
De charmantes jeune filles me montaient, me cocolaient, me donnaient des friandises. J'étais enfin heureux.
Mais c'était trop beau ! 


- Pourquoi : c'était ?

- Ben les autres chevaux de l'écurie ne font pas seulement des ballades. Il faut aussi faire du dressage et comme il semble que je suis un beau modèle avec de belles allures :
Pourquoi pas moi ?
C'est vrai que j'ai des dispositions.


- Super ! Tu leur as montré ce que tu étais capable comme les chevaux de ta race ?

- Je ne comprends pas cher Monsieur :
Vous dites avoir une expérience de plus de 60 ans avec nous les chevaux. Vous croyez comme ça que d'un coup de baguette magique, avec une castration et une place en or que l'on devient de doux agneaux.
Et bien non !
Quand nous avons passé par là où j'ai passé, les chevaux rebelles n'oublient pas les mauvais traitements. Remis dans des situations de contraintes les anciennes défenses reviennent naturellement à la surface.
Ce n'est pas de la méchanceté, mais figurez-vous que le mauvais dressage s'inscrit dans les mêmes coins de votre cerveau où sont stockés les bonnes expériences.
Et ça c'est pour toujours. Alors il suffit d'un déclic et c'est reparti !


- Alors qu'est-ce doit faire ton propriétaire pour que les affaires se calment ?

- Me foutre la paix !

- Mais ça ce n'est pas une bonne idée !

- Peut-être. Alors vous qui êtes expert donnez à ma proprio quelques conseils.
Peut-être qu'à vous deux vous trouverez le cheminement qui me conduira dans une attitude positive. Je ne demande que ça.
Mais attention !
Je ne suis pas prêt de faire n'importe quoi...


- Ben voilà pourquoi je fais appel à la communication animale pour te demander ce que l'on doit faire pour t'aider.

- C'est pas tous les jours Noël !

- Ce qui veut dire ?

- Je ne peux pas vous donner des solutions, je peux seulement vous expliquer comment les choses en sont arrivées là, je ne suis pas dresseur.
On ne va pas inverser les rôles !


- Merci quand même. Et bonne chance !


Ce n'est pas le premier cheval qui pose des problèmes au "redressage".

Et avec tous les autres sans avoir à faire de la communication animale, je m'étais imaginé exactement les mêmes points qui avaient provoqués les défenses, les rébellions…

Peu de chevaux sont retournés dans le droit chemin. Ceux qui sont revenus à une attitude de coopération sont ceux qui ont changé d'utilisation en passant à l'attelage, à l'équitation américaine, travail en liberté et autres manières différentes d'envisager l'utilisation d'un cheval.
Ainsi ils n'ont pas été confrontés à de vieux souvenirs.
Pas évident...

Entre-temps "El Magnifico" c'est bien calmé, il participe avec coopération aux leçons et même aux petites épreuves de dressage.


Dernière réflexion :

Si vraiment ces "communicateurs" peuvent lire dans la tête des chevaux :
Alors ils devraient aussi pouvoir lire dans la tête des humains ?
Non ?

Ils devriendraient millionnaires au poker.
Ils "écouteraient" leur futur conjoint avant le mariage.

Etc...

Pensez-s'y !


Vous avez des questions sur ce sujet ou sur un autre (soins, équitation) :
N'hésitez pas à me demander.
Dans la mesure des mes connaissances je vous répondrai, sans vouloir me substituer aux vétérinaires bien entendu.


N'hésitez pas, contactez-moi par mail, je me ferai un plaisir de vous répondre.
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