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No: 12 mis à jour le 4.11.2024
Depuis quelques
années plusieurs personnes se sont spécialisées dans ce genre de
"travail".
Elles se font payer pour "analyser" votre cheval (ou autre
animal).
J'ai toujours pris cela comme une franche rigolade allant même
jusqu'à penser que certains propriétaires de chevaux se voyaient
escroqués par des espèces de gourous.
Mais afin de ne pas mourir idiot,
j'ai aussi décidé d'essayer moi-même, et comme j'ai une expérience de
plus de 60 ans avec les chevaux, j'ai pensé que je devais autant d'aptitudes que
ces "spécialistes".
Alors voici le récit de cette passionnante expérience :
Tout d'abord il fallait trouver un cheval ! Alors j'ai pensé, je vais commencer avec Silver mon poney que je connais bien depuis six ans et avec qui j'ai une grande compréhension : - Alors Silver comment vas-tu ? - Fais pas chier, si tu veux que je te parle, files-moi un kilo de carottes ! |
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C'était un début et alors j'ai essayé avec Smarty mon deuxième poney : - Hello Smarty comment vas-tu ? - Fais pas chier, files-moi une jolie pouliche et après on en parle ! |
C'est encourageant, mais je devais faire mes preuves sur un cheval que
je ne connaissais presque pas.
Alors j'ai trouvé un cheval qui à mes
yeux d'expert, se comporte de manière incohérente.
Ainsi je pourrai
peut-être mieux expliquer son comportement rebelle et imprévisible.
Un
cheval d'une élève qui avait certains problèmes compliqués à résoudre.
J'ai donc profité que personne ne se trouvait dans les environs et je
suis entré dans son box, une petite caresse et je me suis assis dans sa
mangeoire, j'ai commencé :
- Salut ! Comment vas-tu ?
-
Bonjour Monsieur.
- Voudrais-tu me
raconter ce qui t'a amené jusqu'ici ?
- Et qu'est-ce que j'ai à y gagner ?
- Je pourrais ainsi
t'aider à mieux faire avec toi.
- Bon alors allons-y !
J'ai commencé par
lui demander quelle a été sa vie au début.
- Je suis né en Espagne dans un bon élevage.
Quand je suis arrivé au
monde mes éleveurs m'ont admiré.
Spécialement pour ma robe baie. Et
oui, toute ma famille est baie, c'est une des caractéristique de
l'élevage.
Ils avaient beaucoup d'espoir en moi, c'est pourquoi ils
m'ont appelé El Magnifico .
- Oui mais toi tu n'es pas bai. Tu es gris !
- Ben oui figurez-vous qu'après quelques mois j'ai commencé à
m'éclaircir.
Alors là les choses ont commencé à se gâter. On ne me
prêtait plus beaucoup d'attention. Mes frères et sœurs sont allés à un
an et demi à la ferrade et sont revenus fiers avec une belle marque sur
la cuisse. Moi je n'y ai pas eu droit.
J'ai compris que le vilain petit
canard ne devait pas représenter l'élevage.
La honte quoi !
- C'est pas grave, d'ailleurs moi je n'aime pas cette méthode de marque
au fer rouge, c'est primitif et dégradant. Lui
répondis-je.
- A deux ans mes potes sont restés au parc, mais moi on m'a mis dans
une écurie à part où croupissent les chevaux à vendre.
Des murs de tous
les côtés, pas de lumière, le jour attaché et puis à trois ans le
débourrage.
- Et ça c'est bien passé ?
-
L'horreur !
Une serretta sur les naseaux, une pièce en fer avec des
piquants; à peine tu bouges, ça pénètre ta chair. Alors tu n'oses pas
bouger.
Une selle de 15 kilos, une sous-queue qui te serre la queue, et
on te longe à fond jusqu'à que tes poumons te brûlent.
Alors un homme
te monte dessus et te plante les éperons dans les flancs. Tu repars au
galop et le mec qui tient la longe avec la serretta te donne des coups
à chaque fois que tu te rebelles.
Ça dure plusieurs jours jusqu'à que
tu arrêtes de te rebeller.
Et on te monte avec un mors à gourmette qui
te coupe sous la lèvre inférieure.
A la fin tu te tiens tranquille.
T'as rien
d'autre à faire si tu ne veux pas aller te faire massacrer dans
les arènes face à un taureau fâché.
- Après le débourrage que s'est-il passé ?
- Figurez-vous mon cher ami que le supplice n'est pas fini. Le but est
de me rendre montable par n'importe quel touriste en vacances.
Et puis
paf !
Un jour une charmante cavalière aux mains douces tombe amoureuse
de moi.
- C'est la délivrance ?
- C'est ce que l'on peut croire. Elle m'emmène dans son pays, dans une
belle écurie où je peux enfin voir mes voisins.
Il y a même des juments.
- La joie ?
- Oui pour moi, tout cela réveille en moi l'instinct grégaire de ma
noble race et de mon sexe.
Les hormones vous comprenez ?
Je commence à
me réveiller enfin. Mais ça ne plait pas à ma cavalière, elle commence
à avoir peur quand j'hennis et quand je me cabre.
Très vite elle ne me
contrôle plus. Pas de serretta pour calmer mes impulsions.
Alors elle écoute
tout le monde :
Fais pas si ! Fais pas ça ! Etc...
- Et ça marche ?
- Pas tellement, elle me change d'écurie, elle change d'entraîneur.
Ensuite elle m'envoie dans une écurie où il y a des autres étalons.
Il
parait que c'est mieux.
- Comme cela tes problèmes se sont réglés ?
- Partiellement, car quand c'est d'autres cavaliers qui me montent, ça
marche plus ou moins.
Mais ma propriétaire a pris désormais peur et
elle se cramponne aux rênes, serre les jambes, ce qui a effet de
m'énerver.
Alors elle décide de m'envoyer dans un "centre de
redressement".
Grands spécialistes du dressage !
- C'était bien ?
- La folie !
Il y avait des juments qui passaient devant mon box.
Ça me
rendait encore plus fou.
Et au travail un jeune écuyer courageux m'a
affublé d'un accessoire terrible :
Figurez-vous, deux longes de cuir
sont fixées entre mes jambes à la sangle, passant dans les anneaux du
mors et finissent dans les mains "expertes" du cavalier.
- Ah, les rênes allemandes ?
- Oui c'est ça.
Alors là tu n'as plus rien à dire. T'est coincé comme
des sardines dans une boite.
On t'inflige des coups de cravache chaque
fois que tu veux t'arrêter.
Tu n'as même pas la chance de pointer.
Au
bout de quelques jours, tu cèdes, t'en as
marre de lutter.
T'es dompté !
- Alors tes
affaires ce sont arrangées ?
- Et bien non, rebelote, quand ma proprio vient me monter, comme elle a
toujours peur, je fais le con.
Je suis mon instinct, ce n'est pas ma faute.
- Ce n'est pas très malin !
- Vous voyez, nous les chevaux quand on a quelque chose inscrit dans
notre cerveau, ça reste à vie. On ne peut rien y faire.
Alors je suis
retourné dans l'écurie où il y a des potes étalons.
- Les choses se sont arrangées ?
- Comme j'ai
compris, oui, les murs ont des oreilles. Ma proprio m'a vendu, lasse.
Et ma nouvelle propriétaire est hyper sympa. Même si je lui pose encore
des problèmes.
En ballade, pas de problèmes, on me fou la paix et c'est
chouette découvrir la nature.
J'y ai autre chose à cirer que me
révolter .
- C'est normal tu es un cheval assez macho
et la ballade ça détend..
- Un beau
jour j'apprends qu'un de ses amis de ma cavalière lui a donné un
conseil qui pourrait changer ma vie…
Ce ne serait pas vous par hasard ?
Il parait qu'il est suisse...
- Peut-être…
- On me conduit dans une écurie qui sent bizarre. On m'amène dans un
local sans paille.
Un gentil monsieur me touche un peu partout, je sens
un picotement dans l'encolure, mais rien d'inquiétant, je ne suis pas
douillet.
Et puis là à partir de ce moment je ne me souviens de
plus rien.
Je me réveille couché dans un grand box, au bout d'un moment
je me lève avec difficulté et là :
Aie!
Une grande douleur dans mon
intimité !
Je reste encore quelques jours jusqu'à que la douleur que
j'ai entre les jambes s'atténue et je retourne dans mon écurie.
- Je sais ce qui t'es arrivé.
- J'ai vite compris en parlant avec mes voisins d'écurie. Après la
serretta, les rênes allemandes et les coups de cravache :
L'émasculation.
La honte ! Je ne pourrai jamais avoir des poulains.
- Et là ta vie a changé ?
- Oui, d'un autre côté les mois suivants c'était cool.
J'ai même été au
parc avec des potes. On s'est un peu chipoté au début puis je me suis
calmé.
Les filles ça ne m'intéresse plus, enfin pour jouer c'est tout.
Oui, de temps en temps figurez-vous j'encercle le troupeau histoire de
rigoler.
Les juments qui sont suitées ne rigolent pas toujours,
certaines me décochent des coups de pieds, mais ça fait moins mal que
la serretta et les rênes allemandes...
- La vie est devenue belle ?
- Super !
Puis on a recommencé à me monter, On a encore fait des
ballades, c'était génial les grands galops à l'orée des bois.
J'avais
jamais fait cela. On s'amusait beaucoup.
De charmantes jeune filles me
montaient, me cocolaient, me donnaient des friandises.
J'étais enfin heureux.
Mais c'était trop beau !
- Pourquoi : c'était ?
- Ben les autres chevaux de l'écurie ne font pas seulement des
ballades. Il faut aussi faire du dressage et comme il semble que je
suis un beau modèle avec de belles allures :
Pourquoi pas moi ?
C'est
vrai que j'ai des dispositions.
- Super ! Tu leur as montré ce que tu étais capable comme les chevaux de
ta race ?
- Je ne comprends pas cher Monsieur :
Vous dites avoir une expérience de
plus de 60 ans avec nous les chevaux. Vous croyez comme ça que d'un
coup de baguette magique, avec une castration et une place en or que
l'on devient de doux agneaux.
Et bien non !
Quand nous avons passé par
là où j'ai passé, les chevaux rebelles n'oublient pas les mauvais
traitements. Remis dans des situations de contraintes les anciennes
défenses reviennent naturellement à la surface.
Ce n'est pas de la
méchanceté, mais figurez-vous que le mauvais dressage s'inscrit dans
les mêmes coins de votre cerveau où sont stockés les bonnes
expériences.
Et ça c'est pour toujours. Alors il suffit d'un déclic et
c'est reparti !
- Alors qu'est-ce doit faire ton propriétaire pour que les affaires se
calment ?
- Me foutre la paix !
- Mais ça ce n'est pas une bonne idée !
- Peut-être. Alors vous qui êtes expert donnez à ma proprio quelques
conseils.
Peut-être qu'à vous deux vous trouverez le cheminement qui me
conduira dans une attitude positive. Je ne demande que ça.
Mais
attention !
Je ne suis pas prêt de faire n'importe quoi...
- Ben voilà pourquoi je fais appel à la communication animale pour te
demander ce que l'on doit faire pour t'aider.
- C'est pas tous
les jours Noël !
- Ce qui veut dire ?
- Je ne peux pas vous donner des solutions, je peux seulement vous
expliquer comment les choses en sont arrivées là, je ne suis pas
dresseur.
On ne va pas inverser les rôles !
- Merci quand même. Et bonne chance !
Ce
n'est pas le premier cheval qui pose des problèmes au "redressage".
Et avec tous les autres sans avoir à faire de la communication animale,
je m'étais imaginé exactement les mêmes points qui avaient
provoqués les défenses, les rébellions…
Peu de chevaux sont retournés dans le droit chemin. Ceux qui sont
revenus à une attitude de coopération sont ceux qui ont changé
d'utilisation en passant à l'attelage, à l'équitation américaine,
travail en liberté et autres manières différentes d'envisager
l'utilisation d'un cheval.
Ainsi ils n'ont pas été confrontés à de
vieux souvenirs.
Pas évident...
Entre-temps "El Magnifico" c'est bien calmé, il participe avec
coopération aux leçons et même aux petites épreuves de dressage.
Dernière réflexion : Si vraiment ces "communicateurs" peuvent lire dans la tête des chevaux : Alors ils devraient aussi pouvoir lire dans la tête des humains ? Non ? Ils devriendraient millionnaires au poker. Ils "écouteraient" leur futur conjoint avant le mariage. Etc... Pensez-s'y ! |
N'hésitez pas, contactez-moi par mail, je me ferai un plaisir de vous répondre. |