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COUP DE GUEULE !
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No: 27 mis à jour le 5.11.2024
L'éthologie se définit
comme l'étude du comportement animal, ayant pour but d'étudier le
comportement sous quatre aspects :
- Sa fonction adaptative
- Ses mécanismes
- Son développement au cours de la vie d'un individu
- Son évolution au niveau phylogénétique
Cette discipline fait appel à des
méthodes d'observation et de mesure des comportements, notamment
définies par Altmann (1974), ainsi qu'à des méthodes issues d'autres
domaines permettant une approche intégrative (analyses génétiques,
immunologie…).
Les espèces étudiées peuvent être sauvages comme
domestiques, et observées dans leur milieu naturel ou en captivité, que
ce soit dans un environnement expérimental ou non.
Donc rien à voir avec ce que certains en on fait pour attirer une
clientèle en voie avec des problèmes dus à son ignorance équestre.
STATION DE RECHERCHE Unité de Recherche en éthologie pluridisciplinaire 89520 ST SAUVEUR EN PUISAYE (Yonne) e.mail: srplesmetz@aol.com 03 86 45 51 19 Fax 03 86 45 57 55 Le 6 septembre 2003 |
Pour la sauvegarde des cavaliers et des chevaux, Pour la sauvegarde de l’équitation française.
Soyons clairs…
Les éthologues de notre station de recherche, saturés par le battage
médiatique autour d’une pseudo-éthologie et inquiétés par l’adhésion de
la Fédération Française d’Equitation et de nombreux cavaliers à cet
endoctrinement, se mobilisent pour remettre les choses au point.
Notre
vocation première est de faire de la recherche et de la diffuser et non
de rentrer dans des polémiques couvrant des intérêts commerciaux
certains, mais alors que la Fédération Française d’Equitation
officialise ces pratiques, trop c’est trop, et nous ne pouvons plus
laisser dire et faire n’importe quoi sans réagir.
Tout d’abord, le discours et les pratiques des chuchoteurs, nouveaux
maîtres et autres bonimenteurs ne sont en aucun cas de l’éthologie.
L’éthologie est la biologie comparée du comportement animal.
C’est une
science qui demande des connaissances approfondies en biologie animale,
en génétique, en neurophysiologie.
De plus on ne peut pas faire de
l’éthologie sur une seule espèce :
On ne comprendra rien au
comportement d’un cheval ou de tout autre animal si on n’a pas déjà une
connaissance en éthologie fondamentale et sur l’évolution des
comportements liée à l’évolution du vivant.
On ne peut comprendre les
oiseaux que si on sait comment fonctionnent les poissons et les
reptiles; pour comprendre les mammifères, il faut savoir comment
fonctionnent les reptiles et les oiseaux…
Je doute fort que la génération spontanée de nouveaux maîtres en
éthologie équine ait ce genre de connaissances !
On est à peu près dans
le même rapport qu’entre le rebouteux et le médecin ostéopathe !
De
plus, l’expression « équitation éthologique » ne veut rien dire :
L’éthologie est une science d’observation, pas d’intervention sur
l’animal.
Si encore leur pseudo-éthologie était sérieuse … mais ils propagent les
erreurs les plus extravagantes avec un aplomb extraordinaire !
En voici quelques exemples (hélas) non exhaustifs :
Tous insistent sur le modèle prédateur/proie du rapport homme/cheval.
Heureusement, la vie d’un cheval, même dans la nature, ne consiste
pas à être une proie permanente et les « programmes anti-prédateurs »
de fuite ou de défense n’ont pas l’occasion de fonctionner très
souvent.
Pour ce qui est du prédateur, nous voyons ces manipulateurs à
peu près en permanence dans des attitudes de primate chasseur,
poursuivant le cheval en agitant un bâton à l’extrémité duquel est noué
un morceau de bâche en plastique noir, piétiner, et autres grimaces que
nous connaissons bien en primatologie dans les confrontations entre
mâles.
Le bâton lui-même est un morceau de tube métallique laqué blanc,
coiffé d’un bouchon en caoutchouc à chaque extrémité, qui a été mis à
la mode par Parelli sous le nom de « carot stick », le bâton carotte,
parce qu’il s’en sert parfois pour caresser le cheval.
En bref, ils ont
réinventé la cravache de dressage…
Notons enfin que « prédateur » n’est pas non plus un statut, mais une
activité vitale, la prédation, obligatoire pour les carnivores, et
facultative pour les omnivores comme l’homme (chasseur-cueilleur).
Celui-ci peut très bien adopter un comportement « cueilleur » et
s’insérer dans la vie sociale du cheval qu’il faut bien entendu
connaître, et non interpréter, ce qui n’est pas le cas général.
Tous prêtent au cheval une organisation sociale de type humain, et
parlent de « chef », de « dominant qui dirige », de « leader ou de
jument qui conduit la harde », et autres fantaisies de livres pour
enfants…
Ils ignorentque la structure sociale des chevaux est une structure
de petit harem en réseau (c’est-à-dire où tout le monde surveille tout
le monde) d’une dizaine d’individus, poulains compris, où chacun garde
son autonomie et son indépendance, et non une structure pyramidale avec
un chef (où tout le monde surveille un individu :
Le chef :
Il n’y a
pas de chef chez les chevaux (rappelons qu’un chef est celui qui
organise l’activité des autres, un dominant est celui qui est
prioritaire dans l’accès aux biens de consommation, et un leader, celui
dont l’activité paraît intéressante aux autres qui ont, pour cette
raison, tendance à l’imiter sans qu’il y soit pour rien).
Les règles à
respecter sont de ne pas s’écarter du groupe ( l’étalon étant chargé de
ramener les égarés par le herding, qui est une activité de sécurité et
non une activité de chef), de respecter l’espace personnel et la
priorité d’accès aux biens de consommation de ceux qui sont au-dessus
dans la hiérarchie de dominance et de faire respecter les prérogatives
correspondant à son propre rang par ceux qui sont en dessous.
Donc,
dans le groupe, personne ne dirige personne ; cela n’empêche pas un
fonctionnement cohérent du groupe basé sur l’imitation sociale,
l’aspiration sociale, la phobie de s’écarter et le respect de la
hiérarchie de dominance, qui entraînent une auto-organisation
permanente sans avoir besoin de
« diriger ».
Ils ignorent qu’il existe différents types d’agressivité et pas
seulement celle du prédateur (que eux même utilisent en permanence sous
l’appellation « méthode douce ») :
Outre l’agressivité de prédation il y a aussi l’agressivité
défensive, l’agressivité de compétition sociale et l’agressivité de
dérivation d’angoisse ou d’irritabilité.
Elles ont des fonctions fort
différentes et n’ont en commun que de mobiliser l’axe H.H.A.
(hypothalamus/hypophyse/Adreno-cortical) que l’on appelle souvent
« l ‘axe du mal » parce que cette mobilisation trop longue, trop
violente ou trop souvent répétée est à l’origine de nombreuses
pathologies.
Ils ignorent que la « soumission » obtenue par les méthode du type
« join-up » est en fait une aliénation pathologique connue sous le nom
de syndrome de Klüver-Bucy :
Cette pathologie est provoquée par les mises en fuite et les blocages
répétés du join-up et des pratiques assimilées.
Ces inhibitions de
l’action cohérente du cheval entraînent une très forte activation de
l’axe H.H.A. qui aboutit à « shooter » l’animal par ses propres
endorphines et entraînent des lésions des noyaux amygdaliens latéraux
du cerveau limbique (le cerveau des émotions) par la libération de
radicaux libres provenant de mécanismes oxydatifs exagérés. Les animaux
ainsi traités « manifestent une soumission extraordinaire, ceux qui
étaient sauvages et avaient peur de l’homme se sont apprivoisés et
n’ont montré ni peur ni agressivité ».
Ils ignorent que le niveau de développement du cerveau du cheval,
pratiquement dépourvu de cellules au niveau du néocortex associatif, ne
lui permet pas de « comprendre » au sens humain du mot.
Le cheval n’atteint pas le niveau de la « décentration » qui permet à
l’homme de se voir et de se mettre à la place de l’autre.
Il reste à un
niveau égocentrique et sensori_moteur :
Il perçoit des sensations et il
y répond en fonction des programmes propres à l’espèce, de son
tempérament, de son vécu et de ses émotions.
« Comprendre » n’existe pas dans le cerveau d’un cheval :
Il ressent et
réagit puis apprend en fonction du résultat de son action qui active
soit le circuit de la récompense (M.F.B.), soit le circuit de la
punition (P.V.S.). Les centres de décision de l’action restent, chez le
cheval, à l’étage émotif du cerveau puisqu’il ne possède pas l’étage
logique dont l’homme dispose.
- Le cheval « shooté » aux endorphines se laisse évidemment monter… et
la méthode paraît douce car il n’y a pas de violence apparente. Toutes
les pratiques qui visent à immobiliser rapidement le cheval rentrent
dans cette catégorie et certaines basculent franchement du coté de la
maltraitance.
- Les méthodes réellement douces font appel à « l'habituation » qui est
un mécanisme physiologique de désensibilisation sensorielle progressive
et non de blocage moteur. Elle a l’inconvénient d’être lente (au
minimum quinze jours à trois semaines) car elle repose sur un grand
nombre de répétitions des stimuli avec une intensité faible au départ
puis progressivement croissante.
Ils ignorent
qu’un cheval adulte ne joue plus et que les « jeux »
pratiqués ne le sont que pour l’homme…
• La fonction du jeu, uniquement chez les jeunes, est de roder les
programmes d’actions qui seront utiles plus tard chez l’adulte. Chez
celui-ci, les programmes « ouverts » du jeu se referment et les
comportements qui ressemblent tellement à du jeu ne sont plus que des
fonctions d’évacuation des tensions.
Ils ignorent que les agressions et les blocages répétés qu’ils font
subir en permanence à leur cheval provoquent obligatoirement à plus où
moins long terme des séquelles variées.
Nous avons filmé une jument prise de coliques pendant les
manipulations effectuées comme « démonstration » par un intervenant
connu et apprécié du public.
Voici quelques séquelles possibles liées
au stress de l’inhibition de l’action, relevées dans diverses
publications scientifiques :
- Diminution du flux sanguin dans des zones du cerveau participant à la
motivation et à la décision.
- La corticostérone produite entraîne des morts cellulaires dans
l’hippocampe, partie du cerveau impliquée dans la mémoire et
l’apprentissage.
- L’accoutumance aux endorphines produites entrave la prolifération des
cellules granulaires du même hippocampe.
- Troubles de l’attention, de l’anticipation et de la prise de décision.
- Troubles du sommeil.
- Syndrome de résignation, syndrome de Klüver-Bucy.
- Ulcération gastrique, fréquente chez les trotteurs.
- Micro-hémorragies intestinales se traduisant par des coliques.
- Tics variés (tic aérophagique, tic à l’ours, hyperkinésie).
- Baisse importante des défenses immunitaires (hyper sensibilité aux
maladies banales, au parasitisme, etc…)
- Etc…
Ils ignorent que la vision n’est pas le sens de référence du
cheval, mais que c’est toujours à l’olfaction que le cheval se réfère
en dernier ressort.
La position latérale des yeux lui donne une vision panoramique
étendue, mais pas de vision binoculaire donnant la vision du relief. Il
ne possède pas de fovéa sur laquelle l’œil humain centre les images à
l’aide des muscles oculo-moteurs. Ses cellules ganglionaires sensibles
sont concentrées sur une étroite ligne naso- temporale, et le sens du
relief est provoqué par le déplacement de l’image le long de cette
ligne, l’œil restant relativement fixe. Pour percevoir le relief, il
faut donc que l’objet soit en mouvement par rapport au cheval ou que
lui-même se déplace par rapport à l’objet. Cela est particulièrement
important pour la perception du relief d’un obstacle et l’on voit bien
que, dans un saut de pied ferme, soit il saute avec une très grande
marge de sécurité, soit il passe carrément à travers. D’autres
caractères, comme la forme non sphérique de la cornée et un nombre
d’aires visuelles dans le cerveau plus réduit que nous, le spécialise
dans la détection très fine du moindre mouvement. Mais, par ailleurs,
il essayera toujours de vérifier ce qu’il a vu en allant sentir,
l’olfaction restant son
sens de référence.
L’audition, elle, par la position des oreilles,
indique vers quoi le cheval porte son attention, et les deux oreilles
tournées vers l’arrière, mais non plaquées, indiquent qu’il porte son
attention vers ses sensations corporelles, par exemple lorsque nous
utilisons une action des aides.
- Demi-tour à un cheval sur la piste,
tête vers l’extérieur, en lui barrant le passage, constitue une
agression caractérisée (un chien de chasse fait ainsi changer de
direction l'animal qu'il poursuit) provoquant fuite et stress.
De récents enregistrements au cardio-fréquencemètre effectués dans
notre station sur le changement de main par aspiration vers l’intérieur
et par barrage et demi-tour par l’extérieur, ont montré que la première
méthode, pour un cheval donné, maintenait le rythme cardiaque aux
environs de 130 pulsations et entraînait même une baisse de plusieurs
points pendant le mouvement.
- Au contraire, la seconde méthode entraîne
un pic brutal de fréquence qui monte aux environs de 200 pulsations.
- Il
en est de même pour les pratiques du genre join-up qui entraîne, non
plus un pic, mais un large palier durable à cette fréquence très élevée.
CONCLUSION
Nous arrêterons là cette énumération, car on pourrait écrire un livre
entier avec ce qu’ils ignorent et enseignent néanmoins avec aplomb,
sans aucune qualification ou avec des diplômes auto-créés au dépend de
ceux qui ont passé du temps à obtenir un B.E.
L’analyse éthologique des écrits, des discours et des pratiques sur le
terrain de chacun d’eux qui a été entreprise par notre station de
recherche fait ressortir que :
- Tous sont des manipulateurs efficaces de chevaux (et pas seulement de
chevaux !), se préoccupant peu du bien fondé de leur discours ou de
leur pratique du moment qu’ils obtiennent des résultats rapides et, de
préférence spectaculaires, ce que Georges Charpak appelle « l’effet
Barnum ».
- Ils utilisent des méthodes qui n’ont rien de nouveau puisqu’elles
sont utilisées depuis des décennies dans le dressage des chevaux de
cirque que nous avons étudié dès les années soixante. Elles sont basées
sur des conditionnements de type S et sur des inhibitions conditionnées
qui ont pour résultat de « robotiser » le cheval, ce qui est utile pour
le spectacle mais mène à une impasse en ce qui concerne l’équitation
classique.
- Leurs écrits et leurs discours, particulièrement adroits, sont très
plaisants et correspondent très bien au discours que les cavaliers,
déçus de la pédagogie actuelle, sont heureux d’entendre. Les mots
respect , confiance, accord du cheval, etc. reviennent sans cesse alors
qu’il faudrait parler d’aliénation.
- Car, malheureusement, leur pratique ne correspond jamais au discours
qui l’accompagne.
Cette pratique est d’autant plus dangereuse que la
violence qu’elle utilise n’est pas une violence visible de l’extérieur.
Elle s’apparente plutôt à ce qu’on connaît chez l’homme sous le nom de
« lavage de
cerveau ».
Nous avons vu et enregistré un cheval faire une colique et
un autre s’arrêter en sueur, la verge pendante, ce qui signe un taux
élevé d’endorphine dans le sang.
Les méthodes classiques de débourrage avec travail à la longe suivi de
travail aux longues rênes, avant tout travail monté, exécuté en prenant
du temps (en moyenne un mois), et le travail monté correctement
pratiqué selon les principes de l’Ecole Française sont certainement
plus douces.
IIl est certain que la pédagogie et la pratique dans l’Ecole Française
nécessiteraient un dépoussiérage utilisant les connaissances récentes
en éthologie scientifique, en neurophysiologie (isopraxie, neurones
miroirs…), en biomécanique, etc.
Si nous souhaitons que l’objectif,
dans notre pays, ne s’oriente pas uniquement vers une équitation de
tout terrain, sans selle et sans embouchure, … et avec un grand chapeau
!
Ce document a été rédigé par :
Jean-Claude Barrey, éthologue, Directeur de la Station de Recherche,
chargé de cours en éthologie pour la formation continue T.A.C. à Paris
VI, intervenant pendant cinq années consécutives en éthologie équine à
l’ENE pour la formation des élèves instructeurs, intervenant dans
plusieurs circonscriptions des Haras Nationaux et dans des
établissement d’enseignement aux métiers du cheval, ancien cavalier de
dressage de 2ème catégorie, juge de dressage membre du CFJD.
Nadège Miklas, Doctorat en Biologie du comportement à Paris XIII.
N'hésitez pas, contactez-moi par mail, je me ferai un plaisir de vous répondre. |