HENRI WAGNEUR
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Le gros bluff

Dès le début du Manège des Bois à Chavannes-des-Bois en 1966, je courais visiter les cirques à chaque fois qu'ils séjournaient à Genève.

C'est ainsi que j'avais lié des liens étroits avec Fredy Knie Senior, un grand Maître Ecuyer qui me fit partager  les entraînements de ses chevaux. Je lui vendis même quelques chevaux et notamment un fils de Domino.

Au bout de quelques années je n'avais plus qu'une seule idée : Devenir à mon tour un artiste de cirque...

C'est lors du passage du cirque Nock printemps 1977 que je lançai un grand bluff :
Demander à la direction du cirque, Madame Verena Nock et son époux Franz de m'accorder une participation à la tournée 1978.
Cette demande à mon grand étonnement trouva un accueil assez imprévisible sous la forme d'un contrat en bonne et due forme pour deux numéros :
Un avec Domino le poney  voir Western Magazine no 36 

et un numéro d'un pas de deux de haute-école. 

  - Avec "Doduche" aucun problème il était prêt et j'avais d'ailleurs déjà fait quelques présentations avec lui.
Les Nock l'avaient même vu lorsque j'étais descendu à Genève leurs faire une petite démonstration.

  - Cependant la haute-école je n'avais rien de concret, rien... Mais alors rien de rien !
Seulement dans ma tête il y avait une foule d'idées qui se bousculaient.

La suite fut un peu abracadabrantesque :

Ceci établi, il fallait résoudre quelques gros problèmes avant la fin de l'année pour pouvoir partir en tournée dans de bonnes conditions :

1) Acquérir les deux chevaux.   Je partis alors à la recherche de deux chevaux déjà mis en haute-école et c'est Monsieur Michel Henriquet qui me fournit Quinchoso et Imperador, en juillet déjà, deux étalons suivis par lui, grand élève de Nuno Oliveira.
Michèle commença de suite à monter en amazone Imperador qui était comme son nom le prédestinait : "impérial".
Quant à moi il fallait finir le dressage de Quinchoso qui n'avait fait pratiquement que des poulains. Il fut un bon élève et le numéro pratiquement déjà prêt en octobre-novembre.

2) Il fallait trouver un successeur pour diriger le Manège pour le 1 janvier 1978 : Ce fut fait avec Monsieur Paul Geiser, grand amateur d'équitation américaine. Un contrat de dix années fut établi. Mais il ne voulait pas reprendre ma vingtaine de poneys et de chevaux d'école. J'organisais en octobre une grande vente aux enchères pour les animaux et le matériel qui ne l'intéressait pas.

3) Il nous fallait une caravane pour loger avec notre fils Hervé. Je trouvai une belle grande Caravelair à Annecy et qui lors du voyage pour la Suisse montra un bien étrange comportement...
En effet, elle se décrocha en descendant le col du Mont-Sion et parti seule sur la droite entrant dans un parking, heureusement vide, où elle s'arrêta sagement sans casse.
Je n'ose pas imaginer si elle avait traversé la route et fini soit dans une voiture montante ou dans le ravin de ce côté....
J'appris qu'à cette époque les boules d'attelage françaises étaient d'un diamètre inférieur aux suisses..
Une petite camionnette Opel Blitz fut aussi acquise pour la tracter.

4) Nous avions besoin aussi d'un transport pour les deux chevaux et le poney ainsi qu'une écurie en toile, des box et le matos :
Je trouvai une grosse remorque déménageuse que j'aménageai et un gros 4X4 Scout II International américain  avec un moteur V8 de 7,2 Litres pour la tracter. La benzione coûtait moins chère qu'aujourd'hui, mais quand même 0,90 frs le litre. !

5) Musique pour la haute-école :  Muni d'une vidéo je me rendis à Lausanne chez un compositeur qui fit de très belles partitions..
Trois jours avant la Première en mars 1978, l'orchestre polonais s'est vu dans l'impossibilité de jouer ma musique...  Heureusement le chef proposa un medley de musiques typiques espagnoles et ce fut super.

6) Pour les costumes de la haute-école ce fut une autre affaire : Michèle et moi étions allés directement, en septembre,  chez un grand costumier de corridas à Séville pour faire confectionner nos costumes. Une belle robe à volant (type flamenco) pour Michèle et pour moi deux ensembles, veste-gilet-pantalon, un noir et un bleu foncé. Problème ; Deux semaines avant la Première les costumes, après de nombreuses relances arrivent enfin.
Et là, c'est la cata. La robe assez bien, juste à rajouter quelques dizaines de mètres de bordures de paillettes et le tour est joué. Quant à mes fringues : Impossible de rentrer dedans ! Il m'aurait fallu perdre une bonne vingtaine de kilos !
C'est à ce moment que Fredy Knie Senior me proposa gentiment de venir aux quartiers d'hiver à Rapperswil choisir des costumes dans l'immense garde-robe du cirque.... Sauvés !

     
Quelques jours plus tard je me rends à Milan auprès d'un tailleur spécialisé dans les costumes pour les cirques et deux semaines plus tard je récupère mes tenues qui dureront des années.
La saison se déroula mieux que je n'aurais pu imaginer et notre avenir assuré : Sans que je bouge un petit doigt, grâce à des imprésarios ayant vu le spectacle, je reçois des propositions pour :

      - La Norvège, le Cirkus Arnardo = Saison trop courte !
      - L'Afrique du Sud, Boswell Wilkie =Trop loin logement dans le train !
      - Italie, Circo Moira Orfei = Pourquoi pas !
      - Allemagne Circus Carl Althoff (direction Giovanni Althoff) = C'est pas mal !
      - USA Circus Vargas American Big Top = Il fallait se séparer des chevaux !
      - France Cirque Pinder = Trop dure pour les chevaux, trop souvent place d'un jour !

      - Pour finir je signe un contrat pour le Großer Spanischer Zirkus en Allemagne = Super show nouveau et bien payé pour 12 mois.

Quelques jours à peine après avoir signé, un grand impresario me contacte et me dit que la direction du Cirque Althoff veut absolument m'engager au double du tarif. Il est même prêt à dédommager l'autre cirque !

Je n'hésite pas et nous concluons pour la saison 1979, les Wagneur seront avec leurs chevaux en Allemagne auprès du cirque Carl (Giovanni) Althoff avec les débuts en mars.
Mais je dois me rendre dès fin 1978 pour dresser un nouveau numéro de douze étalons pour leur jeune dresseur. Ainsi que la bébé éléphante de l'épouse de Giovanni. Et encore d'autres surprises... Autant la tournée avec Nock fut un vrai plaisir, autant la tournée avec le cirque Alhoff fut cahotique...


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Quelques anecdotes qui se sont déroulées pendant la tournée au cirque Nock en 1978
La Der

Il est une coutume dans certains cirques que pendant la dernière représentation de la saison les artistes s'adonnent à quelques facéties qui en principe ne devraient pas être décelées du public. Je crois que la direction choisissait toujours une ville pas trop importante, cette année-là il s’agissait d’une ville près de Bâle.
Ce rituel n’était pas permis et la Direction nous avais bien averti.  Mais..
Cela commença avec Linda Nock une talentueuse trapéziste au grand balan.
J’allais souvent dans les gradins l’admirer et ce soir-là je ne voulais pas la manquer, car elle avait préparé son coup. J’étais assis à côté de sa tante Elvira avec qui elle avait débuté le trapèze. Elle arriva en piste avec plusieurs costumes les uns par-dessus les autres, elle débuta son numéro et commença son striptease en enlevant une couche à chaque nouveau mouvement.
Sa tante outrée quitta la salle pour ne pas en voir plus. Linda finit quand même dans une tenue décente. Le maigre public de ce soir-là sembla apprécier ses vêtements qui virevoltaient en tombant dans la piste (peut-être en aurait-il voulu voir plus...).
Linda épousa quelques années plus tard le célèbre dresseur de fauves Kid Bauer. Ils dirigent le
parc animalier Saint Léger à Saint-Léger-en-Bray.

Je me rappelle aussi l’aventure du numéro des Safrany, un très bon numéro de cycles.
János et Verena décidèrent d’échanger leur costume avant leur prestation.
Verena se trouva vêtue en « toute » (un pantalon-gilet d’une pièce) avec chemise à jabot et János avec un maillot genre bikini d'une pièce (avec deux pommes dans le décolleté).
Tout se passa à peu près bien jusqu’au moment au János enfourcha son grand monocycle, la « girafe » ...

L'anatomie d’un homme dans un costume de femme très échancré au niveau de l'entre-jambes ne va pas très bien avec la forme de la selle du monocycle...

Résultat : János dû finir son numéro une main cachant deux « choses »  décidées à prendre le frais de chaque côté du costume !

Michèle et moi pour notre première saison au cirque, avions mis au point un pas de deux de haute école en costume espagnol, Michèle en selle d’amazone. Nous avions un super orchestre polonais sous la baguette du Maître Tadeusz.
Notre numéro commençait avec une entrée au galop nous partions à gauche et à droite, puis retour au centre pour un arrêt et salut. L’orchestre avait une musique d’entrée ajustée et ensuite il y avait l’enchainement de diverses musiques adaptées aux airs des chevaux en commençant par le travail au galop.
A la fin nous refaisions un arrêt-salut au centre et sortions en marche arrière « sous les applaudissements ! »

Ce fameux jour de la Dernière, après le salut final, au lieu de partir en marche arrière et sortir, nous repartîmes comme au début, c’est-à-dire au galop.  Le chef d’orchestre ne s’est pas fait berner longtemps ; avec humour, il reprit la musique du début au galop, jouant le jeu, puis il accéléra le rythme nous obligeant aussi à accélérer notre galop, qui finit tel un galop de voltige cosaque.
Nous n’insistâmes point ; et répétant notre salut final avec enfin la sortie en marche arrière.
Nous avons tous bien rit et l’orchestre aussi.

Avec Domino,
un peu d'humour aussi

Au final, il y eu encore quelques « variations » : Les Wagneur ne maquèrent pas à cela...
Je conduisais Michèle dans sa belle robe espagnole installée dans une brouette de l’écurie. Tout le monde a bien ri.
Cela ne se termine pas toujours aussi bien : une autre année, toujours chez Nock le dresseur de lions a voulu jouer au transformiste et s’est présenté déguisé en femme avec une perruque blonde. Les lions ne l’ont pas reconnu et l’ont attaqué. Il a pu être sauvé grâce aux directeurs qui n’ont pas hésité à pénétrer dans la cage pour faire sortir les fauves. Malheureusement le dresseur est décédé quelques mois plus tard des suites de ses blessures.

Je crois savoir que depuis cette terrible fin, les artistes du cirque Nock n'ont plus eu l'envie de perpétuer cette tradition.


photo LE CIRQUE ALTHOFF 1979


Merci à Fabrice Vallon, Jean Pierre Jerva, Arianne Bertrand, Fabien Arpin-Pont, Patricia Philipona, Martine Simon, Christian Sudre et tous les autres pour les photos qu'ils ont mises gentiment à disposition pour orner la page(et les suivantes).

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ANNÉES LIEUX ÉVÉNEMENTS LIENS
1954 Meyrin, Chavannes-des-bois Débuts-Manège des Bois
1978 Suisse Circus Nock
1979 Allemagne Circus Althoff
1980 USA Cirque Vargas
1982 Suisse Circus Nock
1983 Italie Circo Moira Orfei
1985 Sicile Parco Zoo, Centro Ippico
1989 Prez-vers-Noréaz Centre Équestre
1997 Lausanne, Berne, Avenches.. ACB-Shows
2002 Berne, Palexpo, Vérone... Brindle Horse
2004 Cerrione, Italie Allevamento PRE
2005 France Cirque Arlette Gruss
2007 France Cirque Arlette Gruss
2008 Donatyre-Avenches École du Spectacle Équestre
2011 Romandie Cirque Helvetia
2012 Romandie Cirque Helvetia
2013 Romandie Cirque Helvetia
2014 Romandie Cirque Helvetia
2015 Romandie Cirque Helvetia
2016 France-Monaco Cirque Piedon
2017 Romont Installation
2018 Romont Puces-Remorque théâtre
2019 Romont Travaux maison
2020 Romont Covid-Remorque caravane
2021 Romont-Genève Cirque de Noël
2022 Romont Annus horribilis
2023 Romont Réformé ? Pas encore !
2024 Romont Début tranquilou !
2025 Romont Bientôt des nouvelles !


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