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A peine installés provisoirement à Chavannes-des-Bois auprès du Poney-Club des deux soeurs de Michèle (elles avaient repris mes poneys d'école) j'étudie les nombreuses propositions pour la saison 1980.
C'est le grand cirque américain Vargas, qui fut choisi. Nous devons commencer fin janvier, début février.
C'est de gros préparatifs, mais une expérience extraordinaire !
Une carte blanche pour présenter sur les trois "ring", trois groupes de chevaux en liberté, (huit Appaloosa, huit Andalous et
six Arabes), ainsi que des animaux exotiques avec chameaux, dromadaires, zèbres, zébroïdes et chevaux de haute école.
Fin 1979 je vends nos deux chevaux lusitaniens (à de bonnes places) et aussi nos véhicules.
Pendant les années, 1980 et 1981 que nous avons passées aux USA auprès du Cirque Vargas, il n'était pas possible d'embarquer Domino avec nous. Très gentiment Fedy Knie nous proposa de le garder dans son cirque. Il fut même incorporé à un numéro avec son fils Géronimo (Nougat). Et quand je suis retourné le chercher au début 1982, je me rappelle les mots de Marie-José Knie : - "Mais il fait partie de notre famille maintenant !" C'est certain qu'avec son charme il avait séduit toute la famille Knie. |
1 ou 2 shows Mardi 2 ou 3 shows puis voyage de nuit Mercredi nouvelle ville 1 ou 2 shows Jeudi 2 ou 3 shows puis voyage de nuit Vendredi nouvelle ville 1 ou 2 shows Samedi 3 shows Dimanche 3 shows puis voyage de nuit Etc.. |
Le voyage en avion nous amena à Phoenix en passant par une escale à Las Vegas.
Nous arrivons de nuit et c'est là que la malédiction
Puis ce fut le
tour de découvrir les chevaux :
Trois
groupes de libertés : six arabes, huit Appaloosa et huit andalous dont deux en
piteux état.
En plus il y avait des chameaux, des zèbres et des poneys.
Un groupe de lions et les treize ou quatorze éléphants étaient sous la
conduite de leurs dresseurs respectifs.
Le soir même je devais présenter un des trois groupes des chevaux en
liberté au minimum pour la Première de la tournée.
Je ne connaissais même pas
leurs noms, mais au moins d’après les photos je vis quelques-unes des figures
qu’ils avaient l’habitude de faire.
Je choisi les Appaloosa car plus facile de
les repérer sur les photos que les bais arabes et les gris andalous.
Je pus répéter une seule fois et le soir avec des costumes empruntés à la
gigantesque garde-robe tenue par deux Petites Sœurs de Jésus, dont Priscilla une
fille de la famille Bühlmann de
l’ancien cirque suisse Pilatus, je me débrouillai tant bien que mal.
Nos bagages sont enfin arrivés le lendemain, les valises éventrées et à
moitié vides.
Les prochains jours furent consacrés entre les voyages et les
répétitions des autres groupes.
Michèle pris en mains les arabes tous bais zains et avec des noms « très »
particuliers : One, Two, Three, For, Five, Six. Comme ça au moins Michèle appris
l’anglais rapidement.
Le groupe d’andalous fut confié à Tina Risdon une cavalière de haute
école, Pedro, Paco, Carlo, Diego, Pablo, Ricardo, Sancho et Pepe (enfin un, dont
le nom ne finit pas par un o !).
Je pris en charge les Appaloosa car il y avait le cheval de tête Leo, seul
étalon des trois groupes, qui marchait un tour complet sur les postérieurs,
Callewgio et les autres avec des noms de tribus indiennes, Sioux qui effectuait
une cabriole, Modocs, Comanches,
Cherokees, Choctaws, et Apache.
Pour obtenir les noms de tous ces chevaux auprès
des gens du cirque s'était pire qu'un interrogatoire au Quai des Orfèvres.
Général Vargas était un petit étalon de race albino. Clifford Vargas aurait voulu que j’asseye ce cheval comme il l’avait déjà fait
quelques années auparavant sur un trône en bois. |
Clifford Vargas me proposa moyennant rétribution de conduire un des gros camions avec les
chevaux. Mais je n’avais pas le permis poids lourds. Qu’à cela ne tienne je le
passerai dans la prochaine ville.
L’examen consistait à répondre à 10 questions sur un formulaire. Il fallait simplement
cocher des crois en face de la réponse juste à choix sur deux. Comme je ne
parlais pas encore suffisamment l’anglais, plutôt l’américain, on me donna un
interprète qui me traduit que les réponses justes.
Me voici donc avec un permis
poids lourds en bonne et due forme au volant d’une grosse semi-remorque avec un
tracteur International hors gabarit avec dix-huit chevaux à l'intérieur...
A noter que deux ans plus tard, présentant mon permis américain, le bureau des autos
suisse de mon canton me donna l’équivalent soit : Poids lourds, bus transport de
personne, véhicule de pompiers, enfin tout ce que je désirais en fonction d’un
accord helvético-américain.
Peut-être même conducteur de tanks et de fusées si
je l’avais demandé !
|
Nous étions avec le cirque Vargas dans l'état de Californie à Sacramento
lorsque le Mont Saint Helens en Oregon explosa le 18 mai 1980 avec tout de même
plus de 210 millions de m3 de cendres projetés dans les airs. Provoquant
aussi la mort de 57 personnes.
Mais comme rien ne faisait peur à Clifford Vargas ; la tournée ne changea pas de
route et quand nous sommes arrivés quelques semaines plus tard du côté de
Portland nous avons commencé à nous imaginer à quoi pourrait ressembler
l’apocalypse.
Les routes étaient déblayées régulièrement à l'aide de chasse-neiges, les
cendres poussées par des vents formaient des congères comme de la neige
poudreuse. Pendant les transports les filtres à air des véhicules du cirque
s'obstruaient régulièrement, les moteurs calaient, mais nous avions trouvé une
astuce : le filtre lui-même était entouré de papier toilette et changé tous les 5
à 10 km dès que le moteur commençait à toussoter! |
Les chevaux et les éléphants de Rex Williams, avec le Colonel Jo naturellement,
étaient logés à même le sol et à force de manger du foin mélangé de cendres,
leurs crottins ressemblaient à du charbon de bois.
J'étais très inquiet, mais
aucun animal ne fut malade.
Hervé notre fils âgé de 7 ans jouait au sable sur les tas de cendres. Inutile de
dire dans quel était l'intérieur de la caravane.
En déballant nos affaires deux ans plus tard une fois rentrés en Suisse, nous
avons encore trouvé des cendres dans certains effets.
Fin novembre 1980 nous étions à Santa Fe dans le Nouveau Mexique, ville située tout de même à une altitude de plus de 2000 mètres.
Une tempête de neige descendant des Montagnes Rocheuses était annoncée pour le
soir.
Monsieur Vargas ne veut rien entendre pour démonter et annuler le spectacle du soir.
Vers 18 heures la neige
commence à tomber sous la forme d’énormes flocons lourds.
Le public entre quand même sous le chapiteau, environ 1500 personnes seulement, les gens plus prudents que
notre directeur étant restés à la maison.
Monsieur Vargas annonce aux artistes qu’il faut annuler les parades, et que le spectacle ne doit pas
durer plus d’une heure et sans pause.
Je pris juste le groupe d’Appaloosa et ne fit pas long feu, pas de rappels.
Les Wallendas ne purent même
pas faire leur numéro sur le haut fil, car le chapiteau alourdi par la neige
touchait déjà le fil tendu.
On évacua le public, et on
démonta le gradin.
Il ne fut pas possible de descendre le chapiteau, les mâts,
les deux rangées de corniches et les poteaux de tour étant tous plantés
profondément dans le terrain très meuble à cause des tonnes de neige déjà sur la
tente.
Le chapiteau ne céda pas car il
était fabriqué avec une toile de coton renforcée de câbles en quadrillage.
Vers deux heures du matin une première série d’explosions en chaine se fit sentir. Il s’agissait des
quatre grands mâts centraux en duralumin qui se rompirent sans se plier sous les
tonnes de neige, le duralumin est léger et très solide, il est utilisé
principalement en aviation.
Quelques minutes plus tard
se fut le tour des deux rangées de (quarter-pôles) corniches intermédiaires.
Au petit matin une vision titanesque de ce qui restait du Big Top.
Seuls quelques poteaux de tour
restaient debout et de leurs pointes descendait la toile le tout recouvert d’une
épaisse couche de neige, le froid et le soleil semblaient se moquer de ce qui
venait de se passer.
On aurait dit le Cirque Maximum de Rome sous la neige.
Maintenant il fallait s’occuper des animaux qui attendaient bien tranquilles dans leurs véhicules.
Autour de nous un désert de neige, pas âme qui vive.
Je regarde dans les cabines des semis ; rien, pas un chat ! (Tous les travailleurs du
cirque à l’exception des chefs dormaient dans les couchettes des cabines de tous
les tracteurs des semis).
Avec le froid et la neige les hommes étaient tous partis pour le centre où ils avaient, espérons-le, trouvé
une place au chaud.
Chez les éléphants ; Rex Williams avait son chef, et moi avec une trentaine de chevaux et une douzaine
d’exotiques, j’étais seul avec Michèle pour s’occuper d’eux, les deux cavalières
des chevaux de haute-école ne s'occupèrent même pas de leur cheval, seule Kathy
Batchelor cavalière de voltige, s'est occupée de ses deux chevaux.
D’abord il fallait se trouver des habits et des chaussures adaptés au froid et à la neige, car le
cirque ne se déplaçait normalement jamais dans de telles conditions.
En arrivant
j’avais repéré un « tack shop » à quelques centaines de mètres. Ces magasins
sont des cavernes d'Ali baba pour cavaliers, on y trouve de tout, de la
sellerie, bien sûr, des accessoires en tout genre, des habits de travail et
aussi toute la gamme de produits vétérinaires en vente libre (antibiotiques,
hormones, etc..). J’y allais d'un bon pas, acheter des bottes en caoutchouc
rembourrées et des vestes en mouton retourné pour Michèle et moi.
Nous voilà
équipé pour passer la journée à faire des navettes à pied dans la neige jusqu’à
une écurie située pas trop loin.
D’abord avec des seaux d’eau, pour abreuver les
animaux assoiffés depuis le soir précédent. Ce qui n’est pas facile, car les
chevaux sont attachés les uns contre les autres en travers des remorques et une
seule porte à l’arrière, il faut s’enfiler sous les encolures avec deux seaux
pleins d’eau.
Puis la même opération avec le foin.
A midi courte pause pour manger et essayer de parler avec Clifford Vargas, il fait la sourde oreille dans
sa caravane cuvant sa cocaïne certainement. Mais je sais qu’il est là, car tôt
le matin j’avais aperçu un de ses jeunes minets entrouvrir la porte pour faire
pisser le chien.
C’était ma foi courant que lorsqu’il y avait des problèmes il
rentrait dans sa coquille et gare à celui qui voulait l’en faire sortir, ses
colères étaient mémorables.
L’après-midi nous continuons notre manège entre les remorques des animaux et la ferme voisine.
Je
crois que jamais je me suis endormi aussi vite le soir. Michèle qui m’avait aidé
toute la journée était exténuée aussi.
Le réveil le matin suivant fut des plus pénibles ; nous ne sentions plus nos bras et nos jambes, quant aux
dos ils chantaient la Traviata.
Après avoir pris soin de
nos animaux, je parti vers la gare routière essayer de trouver quelques
chauffeurs avant qu’ils ne quittent la région. Par chance je réussi à trouver
quatre volontaires pour partir direction Tucson, prochaine place, à environ
515 miles (plus de 800km).
Heureusement tous nos
camions démarrèrent et nous réussîmes à sortir de la place, le fort vent ayant
débarrassé une grande partie de la neige. Je conduirai l’International avec la
semi contenant 18 chevaux. Michèle me suivait avec la semi de notre caravane
tirée par un pick-up Dodge. Elle ne conduisait pas, car elle avait un chauffeur
particulier que le cirque lui avait attribué.
Je donnai mes instructions pour me
suivre en colonne pas trop près les uns des autres, nous ferons une halte à
environ 250 miles puis nous continuerons jusqu’à bon port.
Je me souviens de la première partie de la route comme étant de grandes montagnes russes couvertes en
partie de neige verglacée. Dans les descentes il ne fallait pas freiner pour
avoir assez de vitesse pour arriver en haut des montées.
Un vrai rallye des
neiges !
Après quelques miles Michèle m’avertissait par radio CB que son chauffeur conduisait comme un pied,
qu’il était trop près et qu’il freinait intempestivement. Nous décidâmes de nous
arrêter dès que possible et que Michèle conduirait désormais.
Nous arrivâmes le lendemain matin après un long trajet épique, sur la place du cirque où trônait
déjà le deuxième chapiteau arrivé et monté je ne sais pas comment.
Nous avions en effet un chapiteau de secours qui ne suivait pas le cirque et qui était remisé Dieu sait
où.
Enfin Clifford Vargas avait réussi en 48 heures à le faire rapatrier et
monter à Tucson. Le chapiteau était dans le même état que celui détruit à Santa
Fee, c’est-à-dire plein de trous. J’avais appris que certains trous avaient été
faits à la carabine pour vider des poches d’eau formées lors de pluies
torrentielles.
>
Le surlendemain matin
arrivèrent les éléphants et les camions survivants.
En effet deux véhicules manquaient ; le « stake's driver » et la « concession ».
Ils avaient eu un grave accident. Le conducteur de la concession s’était arrêté au bord de
l’autoroute verglacée et le chauffeur du « stake driver » qui le suivait avait
voulu faire le même, seulement avec la glace et la distance trop courte il
n’avait pas réussi sa manœuvre et son camion chargé de toutes les pinces du
chapiteau avait percuté l’arrière de la concession, la sellette de celle-ci
s’était rompue et le nez de la semi était entrée dans la cabine du tracteur. La
femme du chauffeur qui dormait dans la couchette avait été tuée dans le choc.
Le soir même nous devions jouer à Tucson, le gradin ayant été sauvé ce fut possible.
J’envoyai les hommes chercher les caisses contenant les harnais des chevaux. Ces conteneurs voyageaient normalement dans la semi des toilettes. Ils
revinrent bredouilles, le responsable du chargement n’avait pas trouvé ces
caisses sous la neige et n’en avait avisé personne, pensant que nous les avions
déjà prises dans un camion des animaux.
Je décidai de présenter les chevaux sans
harnais et fabriquai des cordelettes pour pouvoir les conduire jusque dans la
piste. De toute façon nous n’allions pas nous énerver c’était la dernière place
de la tournée.
Quelques jours plus tard, je constatai que cinq de mes orteils étaient violacés, ils avaient partiellement gelé
pendant les exploits pour soigner les animaux à Santa Fe.
J'en garde encore
aujourd'hui les stigmates.
De décembre 1980 au début mars 1981, nous devions nous établir dans un quartier d’hiver à Casa Grande Arizona.
En fait de quartier d’hiver il s’agissait d’un ancien marché de bestiaux entouré de champs de coton à perte de vue.
Je construisis un semblant de piste pour répéter grâce à une clôture de treillis récupérée sur place.
Les animaux seront contents de pouvoir enfin s’ébattre dans une piste confortable faite de sable ; ce n’est pas cette matière qui manque !
Maintenant il faut trouver du foin et payer mes quatre aides qui vont rester.
Je vais demander à Rex Williams comment faire pour payer, il me dit que chaque année c’est la même chose ;
les dresseurs y mettent de leur poche puis quand la saison prochaine commence le cirque les rembourse.
Pour les premières dépenses j’ai les fonds, mais ensuite ce ne sera plus possible. J’ai dû faire venir de l’argent de Suisse, un comble,
les bureaux du cirque à Los Angeles faisant la sourde oreille.
Un jour du début de décembre arrivent un gros camion et une caravane.
Un monsieur âgé vient vers moi se présente :
-" Je suis le dresseur Andrea Jackson et voici mon épouse
Monica (très, très jeune épouse !). "
" Nous venons vous apporter les nouveaux
chevaux pour compléter vos libertés ainsi que les 12 lamas que Monsieur Vargas a
achetés pour faire un numéro ! "
Je suis abasourdi, et ne
peux avoir pas d’autres explications. Il me dit qu’une fois les numéros
prêts ils repartiront dans leur ranch.
Son épouse a déjà envie de partir quand elle
voit nos installations faites de bric et de broc.
J’essaie encore une fois d’avoir des précisions aux bureaux du cirque, auprès de Rex Williams ; rien !
Silence radio de Los Angeles !
Nous commençons les répétitions ensemble, c’est moins que rien, les chevaux qui devaient compléter
les libertés sont des réformes, et les lamas tous mâles n’ont jamais été encore dressés. Ils acceptent le licol
qu’en crachant violemment. Nous passons Noël et
Nouvel-An tous ensemble dans une ambiance un peu tendue, de plus qu’Andrea n’est
pas très vaillant, il a eu il y a peu un infarctus et son épouse ne pense qu’à
repartir au ranch. Elle a peur d’une rechute.
Début janvier les Jackson me
demandent le remboursement des chevaux, pour les lamas il parait que c’était
directement Clifford Vargas qui les avait achetés. Cela ne m’étonne pas car on
ne va pas mettre ensemble 12 lamas mâles de tous âges, non castrés, c’est les
combats garantis. Enfin j’explique que je n’ai pas d’argent pour les chevaux.
Le
lendemain matin ils chargent leurs chevaux et s’en vont sans un mot : "bon
débarras !"
Jusqu'au début de la
tournée, la vie à Casa Grande va bon train ; répétitions, répétitions et
répétitions. Il faut mettre au point un nouveau numéro avec le chameau, les
dromadaires, les poneys pour moi et les douze lamas que Michèle devra présenter.
Le 7 mars 1981 nous devions commencer notre deuxième tournée aux Etats Unis à Phoenix. La boucle
était ainsi bouclée, c’est là que nous avions commencé.
Nous partons tôt le jour précédent de Casa Grande, petit trajet à peine 60 kilomètres.
Arrivé en ville nous pensions pouvoir nous installer et répéter quelques
fois les nouveaux numéros avec les animaux.
Le chapiteau n’est même pas complétement érigé et
ce n’est que le lendemain en fin d’après-midi que le montage est fini.
Je
commence à m’inquiéter sérieusement car les trois libertés sont présentées de nouvelle manière, c’est-à-dire que les
trois groupes exécutent les mêmes figures en même temps.
Alysoun Seacat, Kathy Batchelor et Darlene Williams (Fille de Rex Williams)
complètent le numéro de haute école.
Et puis Clifford Vargas vient nous mettre
la pression, il a invité des grands directeurs de cirques à la Première ; il y a Elfi Althoff, Charles Knie et Gerd Siemoneit-Barum entres autres.
-"Tout doit bien se passer !" Nous dit The Boss avec un ton
de parfait dictateur.
Spécial numéro des libertés !
Après la parade d’entrée ; les trois groupes de chevaux en liberté entrent par l’hippodrome-track par deux,
tenus par les hommes du cirque, chaque groupe entre dans son ring, et s’aligne
derrière son présentateur respectif ; Michèle au ring one avec les arabes, moi
au center ring avec les Appaloosa et Tina avec les andalous au
ring three.
Et la
musique commence !
Les trois dresseurs saluent !
Et le numéro devrait commencer normalement, sauf qu'à
l’entrée du ring du centre où je me trouve devant le portique de l’orchestre, le
nouveau décor avec quelques centaines d’ampoules clignotantes s’allume quand
l'orchestre commence tonitruant !
Rien de tel pour apeurer les Appaloosa qui
foncent tout droit, quatre me dépassent par ma droite et les quatre autres par
ma gauche, démarrage au grand galop, pas moyen de les arrêter, ils vont tout
droit et sautent la banquette (à peine 30 cm de haut). Les chevaux commencent à
galoper dans l’hippodrome track rejoints bientôt par quelques autres chevaux des
deux autres groupes.
Certains rejoignent leur ring, d’autres sont attrapés par
les aides et au bout de 3 ou 4 minutes (interminables) tous les chevaux ont
regagné leur ring, le numéro peut enfin commencer.
A la fin
du numéro des trois numéros de liberté : la régie mettait le « black-out » dans
tout le chapiteau, puis l’orchestre accompagnait une bande-son des Walkyries de
Richard Wagner, en même temps au centre du ring central on faisait tomber dans un fut
d’eau chaude quelques kilos de neige carbonique et un magnifique nuage blanc
recouvrait alors la piste, les milliers de spectateurs hurlaient au moment où
des spots bleus éclairaient mon arrivée avec « Pegase » : Le cheval « General
Vargas » était équipé d’ailes faites par les costumiers d’Hollywood en
véritables plumes d’oie.
L’effet était saisissant, le cheval exécutait un tour complet de la piste en marchant
debout derrière moi. Pour disparaître instantanément dans un nouveau
« black-out ».
A la fin je réapparaissais accompagné de mes deux partenaires
dans la piste pour le salut final.
Le reste des numéros à ma charge, les
12 lamas avec Michèle, et mon groupe d’exotiques comprenant un
chameau, trois dromadaires, deux faux zébroïdes se passent bien.
La
haute école sur les trois rings et dans l’hippodrome track se passe
bien aussi.
A la fin du spectacle
m’attend Clifford Vargas, il me saute au coup, m’embrasse et me félicite pour le
Pegase et aussi pour le numéro original des chevaux qui sortent et entrent dans
les pistes… Il trouve cela particulièrement original mais ne voudrait pas que
nous le continuions ainsi car c’est dangereux, dans l’hippodrome track il peut y
avoir les enfants. Je lui dis que c’était spécialement pour la Première.
Un peu plus tard Charles Knie vient me saluer, je lui raconte le commentaire du directeur ; nous avons
bien rit.
A la fin du spectacle
m’attend Clifford Vargas, il me saute au coup, m’embrasse et me félicite pour le
Pegase et aussi pour le numéro original des chevaux qui sortent et entrent dans
les pistes…
Il trouve cela particulièrement original mais ne voudrait pas que
nous le continuions ainsi car c’est dangereux, dans l’hippodrome track il peut y
avoir les enfants.
Je lui dis que c’était spécialement pour la Première...
Un peu plus tard Charles Knie vient me saluer, je lui raconte le commentaire du directeur ; nous avons
bien rit.
Petite anecdote qui m'interpelle encore :
- Charles, son père
roumain le célèbre jongleur Jacky Lupescu, sa mère suisse-allemande Eliane
Knie du grand cirque national.
- Moi pur suisse-romand parlant français, trois
mots en allemand, quatre mots en anglais.
- Comment en sommes-nous venus à parler
italien ? Langue que nous ne maitrisons ni l'un ni l'autre, en tout cas moi pas
encore !
Un jour
après le spectacle à Santa Barbara, un papa s’approcha de moi avec son
bambin et me demanda :
- "Excusez Monsieur, il vous a coûté cher ce cheval ailé ? " Sans mentir (les ailes ayant coûté bonbon !), je répondis : - "Oh oui mon pauvre Monsieur assez cher ! En s’adressant à son gamin il dit : - "Tu vois j’avais raison ça coûte très cher et il en a très peu ! Puis à nouveau à moi : - "Il est où maintenant votre cheval ailé ?" Je répondis avec assurance : - "On l’enferme dans un camion pour ne pas qu’il s’envole ! |
Général Vargas était à 5 mètres de moi et lui…
Général Vargas avait une sale habitude :
Lorsqu'il avait fini son tour de piste en marchant cabré avec ses ailes déployées dans le
brouillard carbonique, au moment où il redescendait, il essayait toujours de me
mordre l'épaule. J'avais dû mettre un empiècement en cuir à cet endroit.
A l'entraînement jamais. Il était très malin.
J'ai essayé différents trucs, le seul qui marchait était que je plaçais le
manche de ma touche, contre mon épaule, mais même dans la pénombre de la fin du
tour, il le devinait.
Quel mariole !
A la fin de mon contrat, je mets Clifford
Vargas devant une exigence pour le renouveler:
Je veux une tente pour
les animaux qui doivent supporter les intempéries attachés à des
chaînes.
Il refuse et après avoir pris un mois de vacances pour visiter
un peu le pays, nous rentrons en Suisse.
Et cette fois pas de problème en
avion... Je respire !
Déjà d'autres contrats nous attendent dans notre boîte aux lettres.
Et il y a un contrat pour revenir chez
Vargas, durée du contrat :
C'est à moi de mettre le nombre d'années
désirées !
Ainsi qu'une copie de la commande au fabriquant de
chapiteaux "Cannobio" en Italie des tentes pour les écuries...
Ceux qui me connaissent, se doutent bien que je n'ai pas répondu à ce
courrier, n'étant pas une girouette et ayant déjà plusieurs nouvelles
obligations !
A la suite du décès de Clifford Vargas en 1989, le cirque Vargas a été repris sous une formule plus européenne avec une piste seulement par une famille mexicaine forte sympathique, que j'ai eu l'honneur de rencontrer lors du Festival Mondial de Monaco en 2016. |
Merci à Fabrice Vallon, Jean Pierre Jerva, Arianne Bertrand, Fabien Arpin-Pont, Patricia Philipona, Martine Simon, Christian Sudre et tous les autres pour les photos qu'ils ont mises gentiment à disposition pour orner la page (et les suivantes).
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